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24 avril 2024 3 24 /04 /avril /2024 17:20

Pourquoi les européistes français vont nécessairement se prendre une veste lors du scrutin du mois de juin.  

 

Certes les sondages peuvent se tromper, mais la publication régulière de ceux-ci qui vont toujours dans le même sens depuis des semaines,  démontre que l’opinion publique est constante dans son actuel rejet de l’idée européenne avec son orientation fédérale et libérale croissante. 

 

Certes l’idée protectionniste qu’elle soit affublée de l’épithète patriotique à droite ou de solidaire à gauche, n’est pas forcément une bonne idée dans sa mise en pratique, quand on ne dispose pas de sources d’énergie ni de matière première. Mais tout de même, l’ouverture à la concurrence à tout va, ce n’est pas top.

 

Il y a plusieurs autres raisons qui expliquent cette situation désastreuse pour la construction européenne. 

 

Premier point, il n’y a pas vraiment de territoire européen bien défini. Après quelques années à 6 états, puis à 8, puis progressivement à 28 puis  à 27 après le retrait du Royaume-Uni, l’ambition de certains est de faire passer l’Europe à 40 états en intégrant notamment les pays des Balkans paraît insensée. 

 

On comprend bien l’intérêt des allemands qui souhaitent étendre leur hinterland aux pays des Balkans, mais il y a des limites.

 

Pourquoi pas après demain, caler les états européens sur ceux que regroupe la zone Europe de l’UEFA qui intègre notamment la Turquie,  Israël, l’Ukraine et la Russie? Plus on est de fous plus on rit.  Bref voter pour une Europe au  territoire mal défini apparaît incongru.

 

Deuxième point, l’Europe dont la machinerie administrative et judiciaire lourde produit chaque jour  des normes plus complexes dans un nombre de domaines croissants, à rebours du principe de subsidiarité, apparaît comme une machine à démanteler les États Nations notamment par le biais de son appareil judiciaire.

 

Cette intrusion particulièrement prégnante dans le domaine des migrations s’avère comme une contestation du principe de la souveraineté nationale.

 

Appliquée à notre pays, cette action opiniâtre affaiblit nécessairement un État Français qui surajoute ses complexités à celles de l’Europe pour continuer d’exister. Résultat, l’Europe (PAC comprise) est vue comme un machin administratif incontrôlable. On ne vote pas pour une usine à gaz qui n’a rien d’érotique.

 

Troisième point, l’Europe fédérale ne fait rêver personne et ceci d’autant plus qu’elle se présente ces temps derniers comme va-t-en guerre, alors qu’au départ l’Europe était vécue comme devant apporter la paix. L’Europe sociale de Jacques Delors, c’est fini.

 

Personne n’a envie de mourir pour Kiev ou Odessa. Personne n’a envie de voir abandonner sa souveraineté quand le principe du vote à la majorité qualifiée aura remplacé celui d’unanimité.

 

Quatrième point, certains estiment que ceux qui ne se passionnent pas pour La défense de  l’Ukraine agressée par la Russie, sont porteurs de l’esprit de défaite. Mais ce sont les mêmes qui à rebours de l’idée gaullienne de la grandeur de la France avec l’arme nucléaire en prime, considèrent que la France est d’une trop petite dimension pour défendre son jeu dans la compétition internationale. 

 

On a envie de leur demander quelle est la recette miracle des Suisses qui sans accès à la mer, sans euro, ni appartenance à l’Union européenne  constituent un pôle de développement pratiquement unique au monde avec moins de 10 millions d’habitants. 

 

Cette passion pour la concurrence libre et non faussée qui a abouti à un système de tarification de l’électricité en affaiblissant EDF  peut aussi interroger. Pourquoi avoir ainsi mis à mal un des domaines où la France était pour une fois  supérieure à notre voisin d’outre-Rhin? 

 

Cinquième point, l’électeur est parfois rancunier. Il lui reste en mémoire le fait que par référendum, (après avoir accepté l’euro de bon cœur),  il a refusé en 2005 le principe d’intégration, européenne sur lequel le traité de Lisbonne est revenu quelques années plus tard.
 

Alors se venger en votant pour le candidat de droite ou de gauche le  plus réservé face à l’extension progressive des prérogatives européennes, c’est peut-être puéril, mais ça peut faire du bien  au moral.

 

Et puis cette condescendance de tous ces gens intelligents qui vous disent que nous n’avons rien compris à l’Europe de demain, parce que nous sommes limités sur un plan intellectuel ou sur nos connaissances des mécanismes européens, c’est insupportable! Pourquoi ne pas voter pour l’Europe fédérale, reviendrait-il à boire l’eau des nouilles en n’ayant pas la lumière à tous les étages?

 

 

Dernier point, comment faire confiance à des gouvernants français européistes qui ont réussi en sept ans à augmenter d’un tiers la dette publique qui dépasse 3100 milliards d’euro ce qui affaiblit la place de la France au sein des 27 pays. Avec une telle casserole, le pays  aura encore moins de poids lorsque le nombre de pays qui composent l’Union européenne passera à 40. 

 

Pour toutes ces raisons, les partisans d’une Europe fédérale risquent de se prendre un paletot monumental face aux défenseurs des états Nations. Et finalement, ils l’auront bien mérité.

 

Frédéric Buffin, retraité sceptique sur l’Europe à dimension fédéraliste.

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