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18 février 2018 7 18 /02 /février /2018 10:23
 
La SNCF n'est pas un E.P.I.C., c'est un établissement sous la coupe directe de l'Etat et il faudrait que ça change.

Le rapport Spinetta préconise une réforme à l'allemande de la SNCF qui suppose notamment par rapport à la situation actuelle, plus d'autonomie dans la conduite de l'entreprise.  

Pour atteindre cet objectif louable, une société anonyme à capitaux publics se substituerait à l'actuel établissement industriel et commercial. Bien évidemment le service public ne serait pas remis en cause. Dont acte.

S'il suffisait d'un simple changement de statut pour sauver notre fleuron national de la faillite et de l'obsolescence programmée de son réseau, ça se saurait. Car aujourd'hui, la réforme ou le statu quo sont entièrement dans les mains de l'Etat.

1) Celui-ci en effet décide de tout ou de presque tout dans la marche de l'entreprise de transport. A- priori, le statut d'Epic devrait conférer à l'entreprise publique une certaine autonomie de gestion, mais dans la pratique comme en droit, il n'en a rien été et concrètement l'Etat est "partout sous la table à la SNCF."

 - Toute réorganisation significative est conditionnée par la promulgation d'une loi ou la publication d'un décret. (Loi de du 4 août 2014 portant réforme ferroviaire  Règlementation du travail spécifique à la SNCF dit RH77 organisée par décret)

- Le président est nommé par décret en conseil des ministres. 

- L'entreprise est sous le regard croisé de plusieurs ministères qui exercent une tutelle tatillonne au quotidien sur tous les secteurs de l'entreprise. (Ministères  du budget, de la transition écologique et des transports, des affaires sociales.)

- Depuis 2007, le président et le directeur de la CPRPSNCF qui gèrent les 7 milliards de flux financiers des régimes retraite et maladie des cheminots sont nommés par arrêté.

- L'entreprise est surveillée par une autorité indépendante (pour la surveillance des règles de la concurrence sur le rail ARAFER) dont son président est nommé par décret.

- Sur le plan juridique, le Conseil d'Etat ne manque pas notamment dans le domaine social de rappeler à l'Etat qu'il ne peut déléguer son pouvoir réglementaire à la SNCF, ce qui réduit encore la capacité d'intervention de ses dirigeants.

Et la cour de cassation est souveraine pour trancher les litiges entre l'entreprise et ses voyageurs notamment en cas d'accident ou avec ses agents dans le cadre des relations de travail.

2) Dans ces conditions, la marge de manœuvre du président et de son comité exécutif de notre fleuron ferroviaire national est faible, même avec l'arme du recrutement des personnels et de celle des marchés de travaux.

- C'est l'Etat qui décide des grands investissements et notamment du TGV, alors qu'il se fait très discret quand l'entreprise ferme des lignes.

- C'est le même qui en 2017 à la veille des présidentielles a contraint la SNCF à acheter des rames de TGV pour  sauver le site industriel d'Alstom à Belfort, alors qu'elle n'en avait pas exprimé préalablement le  besoin.

- C'est encore lui qui malgré les hauts cris de ses dirigeants continue d'imposer à l'entreprise une surcotisation retraite de près de 12% pour ses personnels,  alors que le surcoût de retraite des agents de la RATP est entièrement pris en charge par le budget de la nation.

 - C'est l'Etat  qui a refusé en 2016 à l'entreprise et à son Président toute modification substantielle du RH77 qui détermine notamment les horaires et les conditions de travail des cheminots.

- C'est évidemment l'Etat actionnaire qui décide ou pas d'affecter les éventuels profits de l'entreprise à sa modernisation ou de les reverser au budget général de l'Etat propriétaire de l'entreprise. Etc.

3) Conséquence, le Président en exercice avec le temps qui passe, aura  perdu beaucoup de  pouvoirs sur le fonctionnement et l'avenir du secteur ferroviaire de l'entreprise

- Il est certes parvenu par son influence à faire légiférer le Parlement en août 2014 sur le rattachement de l'ex Réseau  Ferré de France transformé en SNCF Réseau,  à la maison mère, (cf le modèle allemand). Mais  il n'a pas obtenu le désendettement de l'entreprise qui la paralyse année après année. (46 milliards d'euros, c'est beaucoup.)

-  Au quotidien les  services des administrations centrales et les cabinets ministériels de ce même Etat qui reçoivent sans arrêt les représentants des organisations syndicales court-circuitent les dirigeants de l'entreprise, chaque fois qu'ils sont en conflits avec les personnels.

  - Dés qu'un incident affecte l'entreprise comme récemment la panne électrique de la Gare Montparnasse, le Président doit donner des explications au Ministre des Transports sur de tels dysfonctionnements. (De fait, autant celui-ci avait mouillé  la chemise sur le plan médiatique. lors de la catastrophe de Bretigny, celui-ci a été fort discret lors de l'incident de cet automne.)

De la sorte, le premier responsable de l'EPIC a vocation à jouer les fusibles en cas d'incident ou d'accident plus grave.

- La relation du rapport Spinetta par la presse ainsi que l'interview de madame Borne dans le JDD du 18 février 2018 sont révélateurs de l'état d'esprit qui court aujourd'hui dans les allées du pouvoir: 

Pas un mot sur le rôle et la responsabilité du Président en exercice et malgré le souhait d'une gestion autonome de l'entreprise, pas une phrase sur les pouvoirs qu'il conviendrait de donner pour que l'actuel  ou son successeur  ait les moyens de sa politique.

Après avoir recasé au cours de son mandat  rue du Commandant Mouchotte ou ailleurs, tant de conseillers techniques des différents ministères, après avoir placé dans les cabinets tant de brillants agents de la SNCF, celui-ci doit trouver très regrettable  l'ingratitude  de nos gouvernants à son égard.

Certes le premier Ministre lui a renouvelé sa confiance an mois de janvier. Mais  tout de même que Mme Borne son ancienne collègue de la RATP devenue ministre,  ne cite pas une fois la présidence de la SNCF quand elle évoque l'avenir de l'entreprise, démontre que les pouvoirs publics soutiennent le Président comme la corde soutient le pendu.

Cette réaction vis d'un responsable qui est en place depuis 2010 n'a rien de personnel. L'Etat s'estime pleinement légitime à transformer l'entreprise en lieu et place de ses dirigeants, tout en prônant une véritable autonomie de l'entreprise.

Le rapport Spinetta préconise une libéralisation et une normalisation du système ferroviaire contraire au colbertisme culturel des administrations de l'Etat.

Sans rupture de cette culture quasi soviétique, de brillants rapports comme celui de Mr Spinetta pourront continuer d'être rédigés, rien ne changera. Autrement dit, il n'y aura pas de réforme profonde  de la SNCF sans celle de l'Etat qui pèse de toute sa masse sur tous les secteurs de la vie économique et sociale.

Celui-ci pourra toujours clamer qu'il est pleinement légitimé à intervenir comme aujourd'hui dans la gestion de l'entreprise au nom "du service public" érigé en valeur quasi métaphysique.

Si celui-ci doit être maintenu dans les conditions actuelles pour la SNCF, le contribuable doit s'attendre à devoir l'assumer avec son porte-monnaie sans avoir la garantie de la modernisation du réseau ferroviaire et de l'entreprise  en voie d'obsolescence programmée.

Dommage!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 20:53

La prétention de l'Etat à s'occuper de tout même des religions laisse perplexe.

Le Journal du dimanche du 11 février titre en première page: "ce que Macron veut faire pour l'Islam." Dans le corps de l'article, son auteur précise que notre président démiurge "réfléchit  à une réorganisation complète de l'islam. (Sur le territoire français peut-on supposer.)..."Un plan d'ensemble est à l'étude avec la coopération du ministère de l'intérieur. Il va de la création de nouvelles instances représentatives des musulmans à l'élaboration d'un cadre pour le financement des lieux de culte et la collecte des dons sans oublier  un programme de formation des imams." 

Le lecteur que je suis en lisant de tels propos s'en frotte encore les yeux. Il a appris à l'école publique, au lycée public et à l'université publique que "la République ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte" depuis la loi de séparation des  Églises  et de l'Etat du 9 décembre 1905.

Mais voilà que la volonté macronnienne de transformer le pays ambitionne de franchir le pas en bousculant la frontière du temporel et du spirituel appliquée au seul Islam.

Certes, il n'ignore pas que le concordât qui légitime l'Etat à intervenir dans les affaires des cultes qu'il finance, demeure effectif en Alsace Moselle, mais il sait qu'il s'agit davantage d'un régime en survivance qu'un système d'avenir et que ce mode de relation instauré par Napoléon ne concerne pas l'Islam.

On comprend bien les enjeux d'une telle volonté.

- Souci d'intégration des musulmans de France,

- souhait de réduire l'influence des nations étrangères sur l'Islam dit de France,

- volonté après l'expérience difficile du CFCM de trouver une organisation plus efficace et représentative sur le modèle des autres cultes. (Conférence des évêques de France pour l'eglise catholique de France consistoire israélite pour le judaïsme français ou Fédération protestante de France pour les réformés luthériens ou calvinistes.) Etc..

Mais tout de même, cet Etat

- qui veut tout embrasser, et tout dominer en lieu et place des institutions intermédiaires que sont les collectivités locales et les organismes de sécurité sociale,

- qui prétend par Bercy interposé, orienter toutes les politiques économiques en contrôlant autant qu'il peut les partenaires sociaux qu'ils soient employeurs salariés ou représentants des professions libérales, tout en affirmant son penchant pour le libéralisme,

- qui souhaite comme jamais arrimer la sécurité sociale au char de l'Etat, en limitant le plus possible ses capacité d'initiatives,

- qui pourtant ne parvient pas à maintenir l'ordre public dans les territoires perdus de la République,

- qui pourtant ne réussit pas à s'occuper décemment d'une France périphérique qui se sent délaissée.

- Cet Etat trop souvent impuissant dans le maintien d'un ordre public minimal dans bien des quartiers,

cet Etat léviathan débonnaire mais autoritaire, a la prétention de mettre de l'ordre dans un culte musulman marqué depuis le début de son expansion par un désordre quasi ontologique autant qu'historique.

Bon courage pour maîtriser la boîte de Pandore juridique, politique, diplomatique et cultuelle que notre jeune et sémillant  Président se propose d'ouvrir quand sa réforme pour mettre en place un Islam de France sera lancée.

Sur son lit de mort, Mazarin avait conseillé à Louis XIV: "ne touchez pas à l'Edit de tolérance. Le jeune monarque n'en fit rien et sous la pression du parti dévôt  révoqua l'édit de Nantes par l'édit de Fontainebleau en 1685. Une longue série de déchirures fratricides entre protestants et catholiques s'ensuivit qui ne firent qu'appauvrir le pays et le fracturer moralement.

Peut-on espérer que les conseillers du prince qui nous gouverne, sauront mettre fin à sa prétention (comme le fit sans succès Sarkozy en 2003 par la création du CFCM,) à régenter l'Islam en France en compromettant l'équilibre savant et précaire de la loi du 9 décembre 1905?

Pourquoi les musulmans de France ou en France, accepteraient de se plier à des injonctions d'un Etat qui ne dispose pas de la légitimité constitutionnelle pour ce faire?

Que diraient par exemple les représentants du culte catholique si l'Etat avait la même prétention à imposer une formation obligatoire sur les institutions républicaines à ses séminaristes?

Que l'Etat se concentre sur ses fonctions régaliennes défense, police, mais surtout justice aujourd'hui sinistrée, ce serait déjà bien. Et dans ce cadre, il est tout à fait autorisé à intervenir dans la vie d'un culte si ses desservants tiennent des propos ou organisent des actions contraires aux lois de la République, mais son action vis à vis des cultes, doit se limiter aux fonctions de surveillance et de répression éventuelle comme dans les autres secteurs de la vie economique et sociale.

En l'état actuel du dossier ultrasensible des cultes, en régime de séparation des Églises et de l'Etat,  celui-ci ne devrait pas oublier ce simple principe de prudence rurale: "chacun chez soi. les vaches seront bien gardées."

 

Frédéric BUFFIN ancien directeur de la caisse des cultes.

Le 11 février 2018

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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23 janvier 2018 2 23 /01 /janvier /2018 17:46

La prudence de Sioux du journal Le Monde sur la Réforme des Retraites.

Le seul journal du soir de la presse quotidienne vient de consacrer ce mardi 23 janvier 2018 un article intitulé: "Quelles pistes sur la réforme des retraites?"
Deux journalistes, Raphaëlle Desmoulières et Bertrand Bissuel ont consacré pas moins de six colonnes pour traiter de ce sujet. Certes, il sort en page 10, ce qui démontre que pour le quotidien, le thème n'est pas de première actualité, ce qui est assez logique puisque la réforme a été reportée à l'été 2019.
Mais tout de même, le lecteur ne peut qu'être étonné par la prudence de cet organe de presse sur le dossier des Retraites, pourtant si prompt à donner des leçons au gouvernement sur la gestion du difficile dossier de Notre Dame des Landes ou de l'impossible question de l'immigration et du Droit d'asile.
- Certes, l'article rappelle que le président de la République a inscrit dans son programme la suppression des 37 régimes de retraite au nom du principe selon lequel un euro cotisé doit donner un montant de cotisation équivalent quelle que soit la profession embrassée.
- Certes il est rappelé que Mr Macron aurait des préférences pour une réforme systémique plutôt que paramétrique.  Il pencherait  notamment pour le système par points selon le mode gestion de l'AGIRC-ARRCO pour donner de la lisibilité au système ce qui permettrait au cotisant de connaitre plus facilement qu'aujourd'hui ses droits à la retraite future.
- Certes les deux journalistes n'oublient pas d'écrire  que la réforme est subversive pour les régimes spéciaux dont celui de la SNCF.
Mais les journalistes n'abordent le vrai problème qui achoppe que de façon subliminale: il ne faut pas fâcher les syndicats des trois fonctions publiques à la veille des prochaines élections professionnelles.
Pourquoi les deux journalistes ne pipent mot du fait que les régimes spéciaux, ce ne sont pas seulement les cheminots, les électriciens et gaziers, les agents du métro et des bus d'Ile de France, mais aussi l'ensemble des fonctionnaires de l'Etat, des collectivités locales et des hôpitaux soit près de 4 millions de personnes actives?
Or, c'est ce bloc d'agents qu'il faudra bousculer si le président de la République veut maintenir son projet d'unification des régimes spéciaux, élections professionnelles ou non.
C'est ce bloc d'institutions telles que la Direction générale des finances publiques qui gère les retraites des fonctionnaires d'Etat, qu'il faudra mettre au pas pour qu'elle cotise au premier euro pour les primes et pour qu'elle accepte de transformer son système de gestion des retraite en système par points.
Quant à la difficulté technique de développer un système informatique unifié par points pour remplacer des systèmes aux philosophies et aux réglementations très différentes, les journalistes n'en disent pas un mot.
Or ce chantier technique de transformation des systèmes de retraite est pharaonique et plein de risques du fait de la diversité des règles de gestion actuelles. En cette matière, les accidents industriel de "Louvois "le logiciel de paye des militaires et du RSI pour les travailleurs non salariés non agricoles devraient pourtant inciter nos gouvernants à éviter l'aventurisme.
Pour le coup, la prudence de Sioux des gouvernants s'impose. Mais le journal le Monde pourrait dans ce type de papiers être un petit peu plus audacieux en affirmant preuves à l'appui, qu'il n'y aura pas d'unification des retraites sans réforme de l'Etat.  Dommage  que ce papier ait raté la cible.
Frédéric BUFFIN ancien directeur de caisse de retraite.

 

 

 

 

 

 

 

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13 janvier 2018 6 13 /01 /janvier /2018 08:31

Une folie fiscale de plus à l'étude. 

Pour compenser la perte de recette liée à la suppression de la taxe d'habitation, Mr Lemaire envisage d'affecter une partie de la CSG au financement des collectivités locales, ce qui se traduira par son augmentation. Une nouvelle ânerie de Bercy!

Il ne manquera pas de spécialistes de la direction de la législation fiscale pour démontrer que le projet de loi de financement de la sécurité sociale peut tout à fait financer une telle mesure dans le respect de la jurisprudence du Conseil Constitutionnel.

Après tout, une partie significative des dépenses des collectivités locales est consacrée à l'aide sociale. Et puisque le juge suprême a accepté le principe du financement de l'assurance chômage, pourquoi pas envisager la CSG pour renflouer les caisses des communes et des départements?

Une telle proposition démontre que Bercy continue de rêver de la fusion de la CSG et de l'I.R. Et comme la France est dirigée par son caissier pourtant incapable de maîtriser ses dépenses, nous y parviendrons.

Un conseil pour les retraités, prenez un casque pour vous protéger de cette prochaine bombe fiscale et mettez de l'argent de côté!

Frédéric Buffin le 13 janvier 2018.

 

 

 

 

 

 

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13 décembre 2017 3 13 /12 /décembre /2017 08:28
Grève pour management agressif à la RATP sur les lignes A et B du RER.
Le lundi 11 décembre 2017, les usagers des transports de ces deux lignes les plus fréquentées d'Europe, auront vécu une journée d'enfer, grâce à la "cessation concertée du travail" d'une partie des agents de la RATP. Ces mêmes usagers qu'on se gardera bien d'appeler clients,  tant ils sont maltraités au quotidien, auront pu mesurer a cette occasion leur taux de compression et de patience  dans les voitures chargées à bloc.
 Le motif semble dérisoire: la RATP pratiquerait sur ces deux lignes un management agressif.  Après tout, que la hiérarchie tente de faire activer les agents de l'entreprise pour accroître sa capacité de transport de plus d'un million de personnes par jour, ce n'est pas impensable, malgré les protestations des syndicats.
 Si j'étais ministre des transports (et accessoirement) ancienne patronne de la RATP, je rappellerais fermement aux grévistes que le surcoût du financement du régime spécial de retraite de la RATP est entièrement pris en charge par l'Etat donc les contribuables, à hauteur de 680 millions d'euros en 2017, ce  qui représente plus de la moitié des pensions servies par le régime.
Ceci vaut bien quelques contraintes managériales! 

 

Frederic Buffin le 12 décembre 2017.

 

 

 

 

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17 octobre 2017 2 17 /10 /octobre /2017 16:08

 

Interview élyséen: la mer des batailles, la réforme des retraites, ce sera pour demain ou après demain.

On ne peut pas tout dire en un peu plus d'une heure. Mais dimanche soir, Emmanuel Macron qui a tenu à réaffirmer "qu'il faisait ce qu'il disait" (une première d'après lui,) en indiquant qu'il appliquait son programme, s'est bien gardé d'en évoquer toute la partie consacrée aux retraites.

Depuis son arrivée au pouvoir, les ordonnances consacrées à la réforme du code du travail, la majoration de la CSG non compensée pour tous les pensionnés dont la retraite est supérieure à 1200 euros par mois et surtout la limitation de l'ISF au seul domaine immobilier, ont déjà fait coulé assez d'encre de plumitifs assassins vis à vis de la parole présidentielle pour ne pas en rajouter.

Rappelons que le candidat aujourd'hui président,s'est engagé sans toucher aux pensions actuelles à corriger les inégalités en matière de retraite et à mettre en œuvre un corpus de règles qui soient les mêmes pour tous qu'on soit salarié fonctionnaire ou indépendant selon le principe qu'un euro cotisé  doit conférer les mêmes droits. Cette réforme est si ambitieuse qu'elle doit se mettre en place sur 10 ans (cf sa lettre du 18 avril 2017)

Or pour l'instant, le gouvernement s'est contenté de peu. Il a nommé Mr Delevoye haut commissaire à la réforme des retraites assisté de Jean Luc Izard administrateur civil et fin connaisseur des questions de retraite au ministère des affaires sociale,  pour mener les concertations sur une réforme dont la ministre a tenu à préciser cet été  qu'elle ne serait mise en œuvre que lors du prochain quinquennat. 

'Jupiter" sur le thème des retraites n'est donc pas décidé à faire des étincelles: la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 prévoit l'intégration du Régime Social des indépendants au régime général. Les syndicats étudiants sont informés de la volonté gouvernementale de lettre en œuvre cette même intégration de la sécurité sociale pour 2019, mais pour la réforme des retraites, il a  décidé de se hâter avec lenteur. Le président a donc estimé  lors de sa conférence de presse  que le sujet des retraites était trop important pour en parler.

Il y a en effet plusieurs raisons qui ont poussé les conseillers du prince à lui proposer d'effectuer un sérieux moratoire sur cette réforme imprudemment annoncée pendant la campagne électorale. On peut les comprendre aisément: 

1. il s'agit d'un sujet à 220 milliards d'euros et 10% du PIB . Il concerne 13 millions de retraités acharnés à ne pas mourir trop tôt au grand désespoir des gérants de caisses de retraites. Il intéresse plus de 20 millions de retraitables (salariés ou non)  en quête de ce que beaucoup considèrent comme un Éden sur terre, alors qu'elle constitue en réalité" l'antichambre de la mort," pour reprendre une expression de Robert Redeker. 

La matière est donc aussi redoutable qu'inflammable sur un plan politique, car il ne sera pas difficile aux contempteurs du projet de réforme de convaincre tous les retraités qu'ils seront concernés par une telle réforme selon l'adage "un pour tous, tous pour un, et le principe de la convergence des luttes tant appréciée du côté de la France Insoumise.

2. Ce projet met en effet en cause les fondements des régimes spéciaux du secteur public. Ce n'est  pas seulement les systèmes de retraite de la SNCF, de la RATP et des industries électriques et gazières qui sont sur la sellette, mais aussi ceux des trois fonctions publiques, (Etat, Collectivités territoriales, Hôpitaux,) soit plus de quatre millions de personnes qui bénéficient de l'insigne avantage (pour ne pas dire privilège) de partir en retraite sur la base de la rémunération hors prime des six derniers mois d'activité et pour un million d'entre elles avant l'âge légal de 62 ans 

Comme tous ces agents publics sont soumis au gel voire aux diminutions d'effectifs, qu'ils ne bénéficieront en 2018 d'aucune majoration de leur point d'indice et que pour réduire l'absentéisme jugé  trop important par nos gouvernants, le jour de carence sera supprimé, il est en effet prudent de ne pas transformer la plupart d'entre eux qui demeurent assez calmes,  en chiens enragés.  

3. Annoncer dès la fin 2017 que les pouvoirs publics  se proposent d'aligner leurs régimes de retraite sur celui du régime général après les réformes scélérates de 2003 et de 2010, aurait pu apparaître comme une provocation vis à vis du sacro-saint service public.  Et celui-ci en France, est considéré comme une vache sacrée intouchable. On ne saurait  sans crises profonde porter une telle atteinte à la fille légitime de l'état providence. 

Mais il est encore quelques raisons plus profondes qui peuvent inciter notre jeune "Jupiter" à ne pas déclencher la foudre en respectant sans précaution son programme sur les retraites concocté par quelques imprudents:

4. La retraite des 37 régimes (de base ou complémentaire) c'est un ensemble de règles juridiques, financières et logistiques extrêmement complexes traduites dans des systèmes d'information très sophistiqués. Or dans la sphère publique les accidents industriels tels que les ratés informatiques  du régime social des indépendant, du logiciel de comptabilité publique Chorus ou du logiciel de paye des armées dit Louvois, démontrent que le décideur public doit prendre en compte le risque technique de la mise en œuvre des mesures sociales qu'il préconise .

A titre d'exemple, il a fallu presque dix ans pour mettre en œuvre le répertoire national commun de protection sociale. Ça marche, parce qu'on a pris son temps pour le faire. Il en sera probablement de même pour la mise en œuvre du répertoire général des carrières unique qui doit permettre d'unifier et de faciliter la liquidation des droits quels que soient les régimes si nos gouvernants ont la sagesse de ne pas forcer les feux sur ce dossier.

Quant à la mise en place d'un régime par points par tous les régimes, on rappellera qu'aujourd'hui les meilleurs gestionnaires de cette techniques figurent dans les régimes complémentaires AGIRC-ARRCO. (Comme quoi, nos jeunes décideurs d'Etat qui tiennent le haut du pavé devraient être plus modestes face aux partenaires sociaux qui ne gèrent pas si mal que ça, lorsqu'ils en ont les moyens, l'autonomie et la volonté.) Or transformer un système en trimestre par un système en points, constitue un défi redoutable sur un plan technique.

5.L'unification des règles en matière de liquidation des droits à pension suppose une profonde remise en cause du fonctionnement actuel des fonctions publiques et assimilées. (Sncf RATP Edf etc.)
- Dans le cadre d'une remise en cause des inégalités en matière de retraite, il est impossible de ne pas redéfinir la notion de service actif qui donne droit à un départ anticipé en matière de retraite, ce qui est la règle pour tous les agents de ces entreprises publiques soumis au statut et pour les 700 000 agents des trois fonctions publiques classés dans les catégories dites actives..

On peut comprendre par exemple que des militaires ou des policiers qui peuvent se faire trouer la peau, puissent bénéficier d'avantages en matière de départ d'âge. Il est aussi envisageable que le contrôleur et le conducteur  de train disposent de ce même avantage du fait qu'il a subir des horaires décalés toute sa carrière . Mais pourquoi l'administratif de la SNCF qui travaille du lundi au vendredi, partirait plus tôt en retraite que les millions d'administratifs de ce pays? Et pourquoi le routier dont les conditions de travail sont parfois bien plus précaires que celles des conducteurs SNCF, ne partiraient-ils pas plus tôt en retraite?

La réforme pour être comprise, passe donc par une redéfinition des contraintes que génère le travail d'environ un million de personnes classées dans  ces catégories dites actives ce qui leur donne droit à cet insigne avantage d'un départ prématuré en retraite. Or en cette matière une discussion sereine n'est pas gagnée.

6. L'unification des régimes de retraite passe nécessairement par une profonde modification du fonctionnement de l'appareil d'Etat:
-C'est bien connu, "l'attachement des fonctionnaires au grand livre de la dette" ne date pas d'hier. Il date à minima du second empire lorsque le régime spécial des fonctionnaires a été créé. 
Or tout connaisseur du dossier des retraites du secteur public sait très bien que l'employeur public ne constitue pas un patron ordinaire lié  à ses agents non pas par un contrat de travail, mais par un statut ou plutôt des statuts générés par plusieurs dizaines de corps étanches entre eux. 
Il est évident que le statut de la fonction publique et le code des pensions civiles et militaires seraient bouleversés par une telle mesure de rapprochement des régimes. Et ce bouleversement devrait être géré par une armée de juristes, de financiers et ..d'informaticiens. D'avance il faut souhaiter bien du courage aux promoteurs d'une telle réforme.

- Au sein de l'appareil d'Etat lui-même, la retraite des fonctionnaires gérée  à Nantes par le service des retraites de l'Etat, est sous tutelle de la direction générale des finances publiques avec l'autonomie propre de cette dernière par rapport à la direction de la sécurité sociale qui exerce sa tutelle sur la quasi-totalité des autres régimes.

Or ceci à trois conséquences. 

'- Le service chargé de la retraite ne constitue pas une caisse avec la personnalité morale comme il en existe à la RATP ou à la SNCF. Les dépenses de retraite de l'Etat représentent une simple annexe du budget à 60 mds d'euros avec une équivalente cotisation patronale beaucoup plus importante que celle d'un employeur du privé sans que le contribuable en ait aucunement conscience.
- Le système des cotisations s'effectue sur la rémunération prévue au statut hors prime. (À l'exception du régime additionnel de la fonction publique dont les cotisations sont prélevées sur une fraction de celles-ci.) Il n'en est pas de même dans  le secteur privé où tout euro de prime en sus du salaire, fait l'objet d'une cotisation. On voit mal comment un système de retraite harmonisé pourrait ne pas remettre une telle dichotomie dans le financement des retraites du secteur public et du secteur privé. Or, financer des cotisations intégralement sur les primes des agents publics représente un enjeu de plusieurs milliards d'euros.
- C'est pourtant la seule façon de remettre en cause la profonde anomalie existant entre la détermination du calcul du montant des pensions du secteur public et du secteur privé. Il est parfaitement anormal que la carrière des agents de la plupart des régimes soit effectuée sur les 25 meilleures ou dernières années, alors que le calcul dans le public s'effectue sur la base du traitement des six derniers mois. 

Pour éviter la multiplication des coups de chapeau en fin de carrière dont le nombre est malheureusement inchiffrable faute de données disponibles, (discrétion managériale oblige) un certain nombre de spécialistes proposent de procéder à un calcul sur la base des trois ou des dix dernières années. Nul doute que la décision d'obliger les institutions publiques à cotiser sur les primes comme au régime général permettrait d'effectuer un pas décisif pour avancer sur la convergence des modes de calcul des pensions du secteur public et du secteur privé.

4. Dernier point qui ne facilite pas la volonté des réformateurs des systèmes de retraite dans la voie de l'harmonisation, c'est évidemment l'hétérogénéité des règles en matière de minimas de retraite et des pensions de réversion. Pour l'exemple, on citera, le fait que celles-ci dans la fonction publique sont calculées sans condition de ressource sur la base  de 50% pour les bénéficiaires alors que c'est le cas dans le régime général sur la base de 54%.
Le sujet mériterait un rapport à lui tout seul puisqu'en cette matière, les règles des minimas dépendions sont différentes d'un régime public à l'autre.

Conclusion, en cette matière les pouvoirs publics ont décidé de pratiquer "la "moratoiritude" et de ne pas s'engager dans la mer des batailles que constituerait un nouveau rapprochement des règles du secteur public par rapport à celle du privé selon le principe apparemment simple et faussement évident que tout euro cotisé doit conférer un même droit à retraite quelque soit le régime.

Cet été, la ministre compétente Mme Buzyn plus compétente dans le domaine de la santé a tapé en touche.  Elle a annoncé que le projet serait géré  en 2018 et que sa mise en œuvre serait effective lors du prochain quinquennat. 

Et sans mésestimer les qualités de Mr Delevoye le haut commissaire à la réforme des retraites, chargé de discuter avec les très nombreux interlocuteurs concernés par ce sujet hautement délicat et stratégique, on peut penser que "Jupiter" a décidé de se faire violence et de jouer les tortues  pour ne pas se heurter aux puissantes et diverses  forces de l'appareil d'Etat qui n'accepteront jamais  que celui-ci doit se comporter  vis  à vis des agents des services publics comme un employeur lambda. 

En ce sens pour le président de la République, le dossier des retraites montre qu'il lui est aussi difficile de réformer l'Etat que pour le pape de rénover la Curie romaine parce que les deux institutions participent chacun à leur manière de l'identité profonde de la France et du Vatican.

Frédéric BUFFIN 
Ancien directeur de caisses de retraites et notamment de celle la RATP, de la SNCF et des cultes.

 

 

 

 

 

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13 septembre 2017 3 13 /09 /septembre /2017 18:39
AUX JEUX OLYMPIQUES TROP CHERS!

Toujours de sérieuses réserves pour les  jeux Olympiques!

Cette fois ça y est, le 13 septembre à Lima, le C.I.O vient d'accepter la candidature DE Paris pour organiser les Jeux Olympiques en 2024. Tout le monde est content: Le Président de la République, Madame Pécresse, présidente de la Région Ile de France, Madame Hidalgo maire de Paris, et  Mr Roussel président du conseil départemental de Seine Saint Denis qui devrait bénéficier d'une partie des investissements de toute sorte prévus sur son territoire pour la réussite de la plus grande manifestation sportive de la planète.

Mais aussi bien entendu, l'ensemble du mouvement sportif français avec ses têtes de pont prestigieux que constituent Estelle Mossely ,Teddy Riner et Tony Estanguet ainsi que l'ensemble des sportifs français et tous les spectateurs et téléspectateurs qui se pâment chaque fois qu'après une médaille d'or gagnée, "la Marseillaise" retentit haut et fort.

La capitale aura donc le privilège d'accueillir les sportifs de haut niveau du monde entier en 2024 et...de perdre de l'argent qui aurait pu être dépensé pour une cause moins prestigieuse, mais plus utile. Maintenant que les dés sont jetés, je me propose de transmettre une nouvelle supplique au Président de la République inspirée de celle que j'avais écrit au mois de mai 2017 pour que l'organisation des Jeux ne s'accompagne pas d'une gabegie financière comme dans la plupart des organisations des Jeux précédents.

Supplique à l'attention du président pour faire l'économie des jeux olympiques, 

Monsieur le président, j'ai voté pour vous sans enthousiasme au deuxième tour, mais si vous aviez le bon goût d'obliger  Paris à respecter  le principe de modestie budgétaire dans l'organisation des Jeux Olympiques,  je vous baiserais les pieds:

Pour obtenir ma prosternation devant vous, c'est  assez simple. Il suffit que vous demandiez au Parlement de limiter la participation de l'Etat  à 1, 5 milliards d'euros comme ceci a été prévu dans le budget initial présenté au C.I.O pour l'organisation des Jeux  2024, avec interdiction définitive et absolue de dépasser cette somme  . Cette limitation du financement étatique obligerait les organisateurs  de cette manifestation planétaire  à se défaire du gigantisme pharaonique croissant des Jeux précédents.

On peut comprendre la ville et la région Ile de France.  Vouloir  organiser cet événement mondial qui ferait d'elle  pour un temps la capitale du monde, c'est un beau projet mobilisateur. 
On peut admettre aussi que l'ensemble du mouvement sportif toutes fédérations réunies, tentent de décider les autorités politiques françaises  pour que nous puissions face au à ce défi  et que le drapeau bleu blanc rouge flotte fièrement aux côtés du drapeau olympique. Organiser à nouveau les Jeux cent ans après ceux de 1924 quelle joie et quelle fierté pour le pays!

L'universel olympique  ainsi célébré par un pays qui a été directement à l'origine de la déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen, ce sera beau comme l'antique. Pour montrer que la France demeure ouverte au monde et ne se replie pas sur ses petits problèmes, il ne manquera pas de supporters enthousiastes.

Seulement voilà, si vous étudiez le dossier en monstre froid que vous semblez être malgré votre beau sourire de campagne, vous allez vous rendre à l'évidence. l'État ne doit pas y laisser la chemise  dans cette opération qui n'est tout de même que  festive:

- D'abord, le pays est endetté à hauteur de 2200 milliards d'euros. Il n'est donc peut-être pas nécessaire d'en rajouter pour une manifestation certes mondiale, mais ludique. Si c'est pour investir dans des installations sportives qui seront fermées quelques mois plus tard comme ce fut le cas à Athènes et à Sotchi, les Jeux n'en valent vraiment pas la chandelle.

- Ensuite, lorsque nous procédons à la construction d'un édifice public, nous sommes porteurs d'un génie national:  il consiste à proposer un devis initial de travaux qui se trouve doublé voir quadruple en fin de chantier comme ce fut le cas pour la cité de la musique à Paris,  pour le Mucem à Marseille et le musée des Confluences à Lyon.
A moins que dans les clauses des contrats de construction vous n'intègriez une clause prévoyant le fouet place de l'hôtel de ville, en cas de dépassement pour les responsables du chantier, pourquoi cette tradition budgétivore disparaitrait-elle par miracle,  parce qu'il s'agirait de sport plutôt que de culture?

- Troisième point,pourquoi  l'Etat devrait récompenser par un financement hors de proportion avec ses moyens actuels  en dispensant ses largesses la maire de Paris qui se révèle être une très mauvaise ménagère pour sa ville.

Désolé de vous le dire, mais la capitale de la France est sale et j'ai honte quand les touristes constatent que dans certains quartiers les rats circulent en plein jour. Pour un peu, on se croirait à Marseille!  

On me dira qu'il faut rapprocher l'homme de la nature mais il y a des limites. Proposez à cette édile municipale qui semble se comporter comme une grenouille qui voudrait se faire aussi grosse qu'un bœuf, d'investir dans le nettoyage de la ville, aurait peut-être été  plus pertinent que de favoriser son orgueil lutétien en l'incitant financièrement à présenter son projet avant Los Angeles.

- Monsieur le Président, avez vous déjà pris le RER A ou B entre 8 heures et 10 heures du matin Je vous le conseille si vous souhaitez subir votre dose de stress quotidien. Les pannes, les incidents, y sont incessants et plusieurs millions de voyageurs souffrent chaque jour de la thrombose croissante des transports publics en Ile de France. Il y a mieux à faire que de créer des lignes de métro pour que le public puisse rejoindre sans encombre des équipements sportifs aux manifestations éphémères. Commençons déjà par désenclaver des quartiers délaissés et surtout, améliorons le fonctionnement quotidien des lignes qui existent déjà. 

- Tout le monde s'accorde pour dire qu'ils existe en Ile de France, une grave crise du logement. Et des élus inconscients souhaiteraient renforcer l'attractivité de Paris qui constitue déjà une ville où le prix du mètre carré est parmi les plus chers du monde? Construire des logements plutôt que des stades, c'est peut-être moins conforme  à l'idéal olympique, mais ce serait socialement plus utile.

- Pourquoi privilégier ainsi la ville lumière alors que les élections viennent de vous démontrer à quel point est grande l'amertume et la colère de la France périphérique? Si le mouvement sportif souhaite accueillir les élites sportives de la planète, pourquoi ne pas le faire dans une région défavorisée comme les Hauts de France, Les Jeux plutôt que la grande braderie à Lille ce serait plus classe et surtout moins cher qu'à Paris.

-  Notre Pays d'après ce que j'ai pu comprendre est en guerre. Et que je sache nous sommes toujours en état d'urgence. Déjà plusieurs centaines de militaires battent la semelle dans les grandes stations du métro de Paris dans les avenues et les centres commerciaux les plus fréquentés. Des voix s'élèvent pour augmenter le budget de l'armée jusqu'à 2% du PIB. Croyez vous vraiment qu'il faille pendant les trois semaines  des Jeux, doubler les effectifs affectés à la surveillance de la voirie pour se prémunir contre le risque terroriste?

- Dernier point, si vous voulez que sur le plan institutionnel dans la région Ile de France, il n'y ait pas trop de couacs dans l'organisation des Jeux, il est urgent que vous mettiez en oeuvre comme vous l'avez proposé lors de la conférence nationale des territoires du 17 juillet,  la simplification du mille feuilles administratif que votre prédécesseur s'est ingénié à mettre en place pour de sombres raisons politiciennes.

Ce bazar institutionnel entre la Région Ile de France, les départements concernés, Paris, les autres communes des territoires et la métropole du Grand Paris,  est source de gabegie que la tutelle de l'Etat ne fera que renforcer en organisant un contrôle tatillon sur toutes les structures locales. Simplifier les structures régionales et locales, constitue un impératif catégorique pour la réussite des Jeux Olympiques, mais plus encore  celles des transport et du logement.

J'arrête là mon argumentaire en forme critique d'une telle folie ludique. Pour conclure, il ne vous devrait pas être trop difficile de limiter la participation à celle initialement convenue et de vous préparer à éconduire fermement tous ceux qui demanderont un supplément de crédit non prévu au budget initial.

Pourquoi enfin prendre le risque de dépassement d'un tel projet dont de toute façon vous avez peu de chance de tirer les bénéfices? Jusqu'à  maintenant, depuis que le quinquennat est en place, aucun président n'est parvenu à effectuer deux mandats, Pourquoi donc dépenser plus  d'argent que prévu pour un évènements assez futile si vous n'inaugurerez pas les Jeux en 2024?

Bref, un président doit savoir dire: Soyez modeste dans vos ambitions au nom de l'intérêt supérieur de la Nation, n'en déplaise au mouvement sportif et à la maire de Paris.

Frederic Buffin qui fait toujours du sport de compétition malgré son âge. Le 13 septembre 2017

Blog: fredericbuffin.fr

 

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9 septembre 2017 6 09 /09 /septembre /2017 20:46

De la nécessité de modérer l'expression présidentielle.

 Plutôt que dire: "je ne veux rien céder aux fainéants, aux cyniques et aux extrêmes", notre jeune et fougueux jeune président aurait mieux fait de dire: "les chiens aboient la caravane passe." 

Ça aurait eu plus de stature jupiterienne. Les proverbes d'antan, il n'y a rien de tel, pour exprimer ses pensées de façon distanciée plutôt que de donner des verges aux médias pour se faire battre en attaquant ses détracteurs de façon primaire.

  P.S. À l'attention des conseillers du Président:  un dictionnaire des proverbes, ça coûte 20 euros, c'est moins cher qu'un maquillage.

Frederic BUFFIN le 9 septembre 2017.

 

 

 

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7 septembre 2017 4 07 /09 /septembre /2017 18:25

Quatre questions au sujet de l'annonce de la suppression du régime de retraite des cheminots.

La presse et en premier lieu "Le Monde" vient d'annoncer en fanfare que notre Président veut supprimer le régime de retraite des cheminots. Certes, ça n'est pas une surprise. C'est dans son programme. Cette annonce suscite néanmoins quatre interrogations.

 

1) À qui profite le "crime? Pourquoi cette annonce le 6 septembre 2017, alors que les propos sur la suppression du personnel de la SNCF datent de juillet? Est-ce une vacherie médiatique pour punir Jupiter de les avoir tant méprisés depuis le début de son mandat. Est-ce au contraire un ballon d'essai gouvernemental pour tester la capacité de résistance des syndicats de cheminots dont la CGT au premier chef? Nul ne sait. On voit assez mal l'intérêt d'agiter le chiffon rouge à la veille de la manifestation du 12 septembre pour  protester contre les ordonnances Travail.

Dernière hypothèse, cette annonce fonctionne comme un clin d'œil en direction de nos partenaires européens pour leur faire comprendre la réelle volonté présidentielle de réformer le pays y compris sur des dossiers très sensibles comme celui de la concurrence voyageurs qui s'annonce en Europe pour 2019. Affaire à suivre.

2) Est-ce habile de la part du chef de l'Etat de présenter la mesure de suppression du régime de retraite comme un deal? "Je finance votre deal, vous réformez votre régime." Cette proposition ne peut que laisser les intéressés très sceptiques: Ce ne sont peut-être pas tous des spécialistes de droit social, mais ils savent que 45 mds d'euros pour sauver l'EPIC gravement endetté risque fort d'être considéré comme une aide d'Etat qui mécontentera la commission de Bruxelles et les autres pays européens.

Ils savent aussi que depuis 2007, ce n'est ni l'entreprise ni les partenaires sociaux en son sein qui décide de la réglementation sur la retraite des cheminots, mais l'Etat comme n'importe quel autre régime de sécurité sociale fût-il spécial. Parler de deal alors que l'Etat dispose de toutes le cartes, est donc pour le moins étonnant.

3) Comment un État dont les collectivités publiques sont endettées à hauteur de plus de 2200 mds d'euros peut-il envisager d'éteindre la dette de l'Epic? 45 mds d'euros, ça ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval.

Les financiers de Bercy ont beau être très compétents; les taux d'intérêt  ont beau être très bas (pour combien de temps?) Il y a tout de même des limites.

Certes ça ressemble à ce qu'a fait l'Etat fédéral allemand dans les années quatre-vingt-dix avec la Deutschebahn dont il a fait une société anonyme tout en supprimant son droit à recruter des fonctionnaires.

Mais privatiser une société aussi endettée que la SNCF serait une opération très délicate voire impossible. Les actionnaires n'investissent pas dans des sociétés en perte.

4) Pourquoi focaliser à ce point sur le régime de retraite des cheminots? Parce qu'il coûte 3,5 mds d'Euros au budget de l'Etat?

 Mais à ce compte un autre régime voisin, celui de  la RATP émarge à plus de 350 millions d'euros dans le budget de l'Etat pour financer la retraite des agents du métro et des bus. Et l'entreprise parisienne ne finance même pas de surcotisation pour financer la retraite de ses agents, alors que la SNCF assume une surcotisation de plus de 10%.

De plus, en matière de régimes spéciaux de retraite, d'autres régimes devraient être sur la sellette et ne le sont pas:

- le régime des industries électriques et gazières financé en partie  par la Contribution tarifaire d'acheminement, terme pudique pour faire  contribuer  les consommateurs au régime spécial des agents de ces entreprises.

-le régime des clercs de notaire financé en partie par les droits de mutation immobilière,

- mais surtout le régime des fonctionnaires d'Etat avec ses 700 000 agents actifs, financé en grande partie par le budget de l'Etat en proportion  très supérieure aux employeurs du régime général.

 

À ce stade, d'un dossier qui certes demeure très politique, mais dont les modalités techniques sont très complexes, on peut supposer que la volonté de prendre le dossier à pleines dents provient de l'angoisse gouvernementale devant cette réalité financière peu reluisante pour l'actuel président de l'entreprise à la veille de la mise en concurrence européenne du trafic voyageurs en 2019. 

Pas plus qu'en 2006, lorsque la même opération a été mise en place pour le fret, l'entreprise n'est en mesure de résister à la concurrence de par son organisation très lourde, ses modes de fonctionnement induit par le RH77 et les coûts salariaux dans lesquels les cotisations retraites employeurs sont particulièrement lourdes.

Bref, il y a urgence et ça vaut le coup de réfléchir à l'avenir de l'entreprise en situation de concurrence, en abordant sans tabou le régime spécial de retraite des cheminots, ce qui n'a pas été fait sous la présidence du prédécesseur de "Jupiter" qui s'en émeut légitimement, face à 2019 qui s'annonce.

Frederic BUFFIN le 7 septembre 2017.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1 septembre 2017 5 01 /09 /septembre /2017 10:14

Grâce à la fusion des instances représentatives du personnel, il sera possible de faire financer partiellement les expertises par l'instance unique de représentation du personnel.

Une des nouveautés des ordonnances modifiant le code du travail, c'est que sauf cas particulier de mise en danger de la santé des travailleurs, le recours à l'expertise en cas de changement des conditions de travail, sera désormais payant dans la limite de 20% de l'expertise. Jusqu'à maintenant, au motif que le CHSCT ne disposait pas d'une dotation financière, la demande d'expertise était à la charge exclusive de l'employeur.

Dans mon passé professionnel récent de responsable d'organisme privé chargé de la gestion d'un service public, j'ai pu mesurer à quel point cette gratuité était porteuse d'effets pervers: le moindre changement d'organisation faisait l'objet d'une contestation sous la forme d'expertise qui retardait la mise en oeuvre de la réorganisation en cause.

Par ailleurs l'employeur que j'étais, (par essence un mauvais patron) n'avait pour seul moyen d'opposition sur le fournisseur imposé par le CHSCT et le prix imposé de la consultation, que de procéder à une démarche contentieuse devant le tribunal d'Instance, ce qui constitue encore une lourdeur de procédure. Dans le nouveau texte, le tribunal des référés se trouve dans l'obligation de donner une réponse dans les cinq jours ce qui permettra d'éviter de faire trainer la procédure. Le délai actuel est aujourd'hui de 10 jours

Le nouveau texte malheureusement renvoie à un décret en Conseil d'Etat le délai maximum pour que l'expert saisi rende son rapport, de sorte qu'il n'est pas possible de connaître l'efficacité de cette mesure d'encadrement de l'expertise. il est probable que dans sa sagesse, l'administration inscrira un délai assez court de façon à ce que l'expertise ne devienne pas comme je l'ai vécu, une manoeuvre dilatoire pour empêcher ou retarder tout changement d'organisation.

Dernier point le fait que l'instance représentativie du personnel sera contrainte de participer à 20% du financement de l'expertise, sera une incitation significative pour qu'elle s'intéresse à la maîtrise du financement des sociétés expertes dont certaines ont l'habitude de charger la barque au motif, que le paiement de l'expertise est à la charge exclusive de l'employeur.

Bien entendu, certains diront devant ma satisfaction devant cette novation, que je n'étais qu'un cochon d'employeur sourd aux "légitimes revendications des travailleurs." Peut-être, mais il est satisfaisant de lire que désormais les prestations de la nouvelle instance doivent faire l'objet d'un appel à la concurrence par le biais d'une commission des marchés. Les experts soumis à la concurrence par les représentants du personnel, ça fait du bien! Dans un monde où la rapidité est un critère de réussite tant économique que sociale, il n'est pas obligatoire de maintenir des systèmes et des structures qui contraignent les administrations à fonctionner au rythme des tortues.

 

Frédéric Buffin ancien directeur de caisse de sécurité sociale qui était parfois excédé par les manoeuvres de retardement devant tout changement, organisées par le CHSCT, même si le comité d'entreprise avait donné un avis favorable.

 

Le 1er Septembre 2017.

 

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